Lyrisme figuratif et géométrique
De l’année 2001 à l’année 2003, où il décidera de l’arrêt de sa peinture pour une durée indéterminée, Jacques Dominioni va s’exprimer dans un lyrisme, plus ou moins coloré plutôt figuratif, dans la continuité de son oeuvre précédente, et coupé de lignes géométriques. La trame qui se dessine supporte ainsi des corps noyés dans une abstraction aléatoire. On pense aux peintres de la Renaissance italienne, à ces nus de la Chapelle Sixtine, au Jugement Dernier de Michel-Ange, avec tous ces corps qui tournoient.
La trame géométrique qui s’est progressivement réinstallée serait-elle un retour sur la période de la fraction géométrique ?
En tout cas, elle redonne à cette peinture un espace de troisième dimension. Elle encadre des détails organiques et fait ressortir une couleur éclatante et diversifiée dans les moindres détails. Elle permet d’établir des contrastes qui donnent une profondeur à l’œuvre.
« Chaque toile raconte un peu la même histoire, celle de l’éternelle dualité de toute existence ».
(Jacques Dominioni)
L’immobilité fait obstacle à la vitesse, le bruit s’oppose au silence, la vie à la mort, le clair au sombre, le bien au mal, la matière à l’esprit. L’un ne serait rien sans son contraire. Ces deux mondes qui s’affrontent dans l’œuvre de Jacques Dominioni ne cherchent pas à se détruire. Ils s’interpénètrent dans une sorte d’équilibre cosmique.
Jacques Dominioni est un bâtisseur, sur la toile et dans sa vie. Il peint la nuit et construit sa maison le jour.
C’est après 2003, traversant une période de changements dans sa vie personnelle, et le début de la maladie qui l’emportera en 2014, que des formes de corps humains nus apparaissent dans ses oeuvres.
Des formes mouvementées se tordent, s’entrelacent, il y a une explosion d’émotions personnelles, exprimées avec des couleurs très fortes, intenses, et primaires. On n’a plus le sens d’une vision objective et analytique qui était présente dans ses tableaux géométriques. Jacques Dominioni nous place devant une forme très subjective de son expression.
Jacques Dominioni se laisse découvrir dans sa vie d’homme : il laisse apparaitre son angoisse, sa douleur, son amour, sa tendresse qui sont exprimées dans la force des formes et leurs couleurs dynamiques, formes qui disparaissent petit à petit dans l’éther, tout comme sa vie.